Guillaume Prévost, La Valse des gueules cassées, Nil (278 p.)

Publié le par Morgane

41c4Z7WR9wL. SL500 AA300 [1]François-Claudius Simon n'est pas à proprement parler une gueule cassée, l'un des survivants de la Première Guerre mondiale ayant subi au combat des blessures graves et affectés de séquelles physiques importantes, notamment au visage. Du champ de bataille il conserve néanmoins une cicatrice à la tête, de fortes migraines et la culpabilité d'avoir survécu. A son retour du front, il intègre la Brigade criminelle de la Préfecture de Paris et commence à travailler sous les ordres de l'inspecteur principal Robineau dont il devient rapidement le protégé. Sa première enquête le conduit sur les traces d'un criminel qui défigure ses victimes après les avoir exécutées : "Le menton, la bouche et le nez avaient été fracassés, réduits à l'état de bouillie informe que le sang coagulé enveloppait maintenant d'une gangue poisseuse." Rapidement s'impose la piste - trop facile ? - d'un ancien combattant désireux de se venger de ce que la guerre lui a fait subir. Parallèlement, la première brigade mobile enquête sur les meurtres en série perpétrés par Landru, célèbre criminel français qui séduit des femmes seules et les assassine après avoir fait main-basse sur leurs économies. Une course contre la montre s'engage entre les deux brigades concurrentes.

Roman policier et roman historique, La Valse des gueules cassées est aussi un roman d'amour. Au cours de son enquête, François-Claudius fait en effet la rencontre d'Elsa, peintre et militante socialiste qui le séduit par sa beauté autant que par son caractère indépendant qui fait d'elle une femme résolument moderne dans la France de 1919. Sa passion et son énergie vont peu à peu le ramener à la vie, lui faire oublier Adèle, la jeune femme qu'il aurait épousée si la guerre n'avait mis entre eux une distance infranchissable et l'aider à exorciser ses démons intérieurs...

Le roman de Guillaume Prévost, professeur agrégé d'histoire, nous plonge dans le contexte historique des lendemains de la Première Guerre mondiale. Il évoque les blessures de la guerre et parvient en même temps à restituer l'atmosphère des années folles : le socialisme, la défense des droits des travailleurs, les émeutes du premier mai, l'évolution du rôle social des femmes ("Vous pensez que ce n'est pas à une femme de tenir le pinceau ? Ni à un homme de servir de modèle ?" demande avec espièglerie Elsa à François-Claudius)... La précision documentaire est remarquable et va de pair avec un style classique, clair, exact et rigoureux. Un beau roman, donc, que je recommande bien qu'il se termine de  manière un peu invraisemblable...

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C
<br /> Voilà un livre que je découvre sur ton blog. Je le note pour mes prochains achats<br /> <br /> <br />
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